La vie rêvée des grille-pain de Heather O’Neill

REVUE LITTÉRAIRE
Hélène Lapointe

Ce recueil de nouvelles récemment publié dans sa version française jouit d’une importante publicité que je considère totalement surfaite. Quand je n’aime pas une œuvre, je préfère m’abstenir de la critiquer. Mais je fais ici une exception, car je pense que débourser près de trente dollars pour un livre qui ne possède aucune qualité littéraire particulière frise l’arnaque. Par chance, c’est un livre que l’on m’avait prêté…

Le style de l’auteure se révèle des plus ordinaires, pour ne pas dire absent. S’il ne s’agissait que de cela…Les récits de ses nouvelles ont tous en commun d’être imaginés sous l’angle du merveilleux, un merveilleux de pacotille basé sur des élucubrations navrantes. Les actions y sont plutôt rares, les rebondissements tout autant, et les descriptions, le plus souvent ennuyeuses, remplissent les pages. Parfois, une petite morale à deux sous vient clore le récit. Pourtant, le titre du recueil, intrigant, laissait présager un dépaysement total…

Dans la nouvelle intitulée la Vie rêvée des grille-pain, on se retrouve en 2112, époque où les androïdes cohabitent avec les humains et occupent des fonctions bien spécifiques. Le cadre semble prometteur… Un soir, une femme androïde rencontre un homme androïde et, comme il lui plaît (ce qui semble surprenant car on précise plus avant que les androïdes n’éprouvent pas de sentiments ni d’émotions particulières), elle lui demande de l’embrasser. Le lendemain matin, à son réveil, elle trouve un petit androïde entre ses jambes! Certaine qu’il est le fruit de l’amour(!), elle s’empresse d’aller le jeter dans un dépotoir(!). A la toute fin du récit, le petit androïde s’attache (dans tous les sens du terme) à un grille-pain et s’interroge sur le sens de la vie en se posant des questions d’ordre philosophique! Alors là, c’est trop! Le bébé androïde surpasse l’homme!

Dans l’Évangile selon Marie-M., une adolescente devient l’amie d’un type hors du commun nommé Jésus… Oui, oui! Jésus! Déjà, c’est gros! Ce n’est que le début d’un récit dont tous les personnages portent des noms bibliques (Pierre, Judas, Jean-Baptiste, une colombe…) et dont les actions sont toutes une transposition des miracles accomplis par Jésus (le jus devient du vin, une plaie se cicatrise après un simple attouchement, etc.). Attendez la fin : un jour, Jésus disparaît, supposément kidnappé; trois jours après sa disparition, quelqu’un affirme l’avoir vu marcher au-dessus d’une pataugeoire… Une combinaison de la Résurrection et d’un autre miracle! Le merveilleux atteint là des sommets inégalés.

Je vous épargne le reste. Mais si ce genre d’inepties vous intéresse, allez vite vous procurer ce recueil. Vous serez gâté. Sinon, les librairies débordent d’œuvres originales, captivantes, poétiques, et j’en passe. Il y en a pour tous les goûts.