Un quartier populaire de Naples à la fin des années 50. Un microcosme où grandissent deux fillettes. L’une volontaire, indépendante, secrète, imprévisible et méchante (c’est ainsi que ses proches la qualifient). L’autre inquiète, fragile moralement, mal dans sa peau, complexée. La première n’a besoin de rien ni personne ; il n’y a rien à son épreuve et elle obtient toujours ce sur quoi elle a jeté son dévolu. La deuxième, la narratrice, a besoin de la première pour agir ; chez elle, tout est objet de doute, de méfiance ; ses réussites sont toujours le fruit d’un labeur acharné. Dans leur monde hostile et pauvre, les insultes, les cris et les bagarres composent la toile de fond.
Cet univers, Mme Oliviero, leur institutrice, l’appelle « la plèbe ». C’est pour cette raison qu’elle met tout en œuvre pour aider les deux enfants à s’évader de leur milieu grâce à l’instruction. Une seule s’y attardera. Durant l’enfance, les deux protagonistes partagent leurs peurs et leurs rêves innocents. Ensuite, à l’adolescence, elles adoptent des parcours différents mais se retrouvent par intermittence, tels des aimants, toujours unies par ce lien sacré de l’amitié dont la chimie reste unique. À la fin du récit, la situation finale laisse le lecteur perplexe, car leurs destins apparaissent inversés. La singularité de ce roman n’enlève rien à son caractère universel grâce à sa profonde humanité. Ces deux fillettes, c’est nous. Le deuxième tome de l’œuvre (qui doit en compter quatre), paru en 2016 mais non encore édité en livre de poche, relate leur jeunesse. Aurai-je le courage d’attendre ?