En revenant du pays Toraja, sur l’île de Sulawesi, l’auteur apprend que son meilleur ami est atteint d’un cancer. Cette nouvelle est le point de départ de sa réflexion sur la substance de la vie et sur notre façon d’aborder la mort, la nôtre et celle des êtres chers. Au pays Toraja, les traditions mortuaires occupent le centre de la vie de ses habitants. En Occident, nous ignorons, nous fuyons même la mort. La maladie qui nous conduira à la mort est-elle déjà inscrite dans nos gènes ou est-elle le résultat de nos expériences négatives, tant physiques qu’émotives ? Les interrogations de l’auteur s’attachent entre autres à la relation que nous entretenons avec notre corps et à l’influence réciproque qui s’exerce entre lui et notre esprit. Notre condition de vivant est-elle tributaire de notre état de santé ? Et qu’est-ce que cela signifie, profondément, être vivant ? La vie n’est-elle pas par essence «mouvement», mouvement par lequel nous évoluons tout en demeurant les mêmes ? Pour déjouer le temps et la mort, ces complices implacables, nous n’avons d’autre choix que celui d’avancer, de faire des choix, jusqu’à la fin.
Ce roman n’est pas un récit linéaire. Le sujet requérait qu’il soit à l’image de la vie, avec des allers-retours, des pauses, des souvenirs revisités et des bonds inattendus. C’est la façon que Claudel a choisie pour que son fidèle ami demeure vivant, tout comme l’arbre du pays Toraja protège la sépulture des jeunes enfants. Propos intimes, philosophiques, dont le verbe, toujours juste, s’adresse à nous tous.