Ce dernier roman de Michel Tremblay relate le parcours de la vie intérieure de Marcel, un schizophrène enfermé dans l’asile de Nominingue durant plus de cinquante ans. L’asile est dirigé par des religieux, des frères et des sœurs, qui ne possèdent, il va sans dire, aucune qualification dans le domaine psychiatrique. Ils font plutôt office de gardiens de prison. C’était l’époque de la «grande noirceur»! La seule échappatoire de Marcel, son unique planche de salut pour ne pas sombrer définitivement dans la folie consiste à peindre des aquarelles. Comme leur auteur, ces aquarelles sont uniques : elles ne se composent que de deux éléments. D’abord le ciel et les montagnes, omniprésentes, envahissantes, qui obstruent tout autre paysage, toute vie; puis le ciel et la mer, qui ouvrent une fenêtre sur l’ailleurs et le rêve. La tenue d’un journal intime viendra clore sa libération en révélant le non-dit de ses sentiments et le non-vécu de ses désirs.
L’écriture de Tremblay, toujours aussi juste et vraie, dépeint un univers où prévaut l’intelligence des élans de l’âme. Marcel, en s’appropriant sa vie et celle qui aurait pu être la sienne, en devient le héros. N’est-ce pas le but de l’existence de tout homme?