Mis à part le prologue qui relate en détail l’exécution de Mata Hari le 15 octobre 1917, le roman est une série de lettres-confidences (parfois de confessions) écrites par Mata Hari à son avocat, Maître Clunet, durant son incarcération. Ce dernier fera de même la veille de la mise à mort de sa cliente. On pourrait qualifier tous ces écrits de « journal intime » – d’ailleurs ni l’un ni l’autre ne les recevront – puisqu’ils nous livrent les pensées secrètes et les motivations de leurs auteurs, sans jamais pour autant négliger la vérité, la réalité des événements tels qu’ils les ont vécus. Bien que l’œuvre en soit une de fiction, la trame repose sur des données historiques. Le lecteur entre petit à petit dans l’intimité de cette femme hors du commun, aventurière, indépendante et libre parce qu’elle refuse de respecter les conventions de son époque. Par la voix de son avocat, on comprend ce qu’il a dû affronter pour tenter de la faire libérer dans le climat socio-politique qui prévalait alors, tant en France (encore divisée par l’affaire Dreyfus) que dans toute l’Europe (déchirée par la Première Guerre mondiale). Cet hommage à Mata Hari est empreint d’une sensibilité et d’une acuité telles qu’il libère son héroïne de tout jugement dont elle a été l’objet.