Celle qui fuit et celle qui reste de Elena Ferrante

REVUE LITTÉRAIRE
hélène Lapointe

Ambivalence. Le mot résume bien le troisième volet de cette saga napolitaine. Ambivalence des sentiments et des comportements, du début à la fin… sauf la fin. Les deux protagonistes ont emprunté des chemins différents, pour ne pas dire opposés. Elles évoluent dans des mondes dont les réalités divergent totalement, mais elles demeurent les mêmes. Lila est toujours aussi secrète et imprévisible; Lenù, toujours aussi complexée et en quête d’approbation. Durant cette période de huit à dix ans, elles se voient peu et leur relation, dépourvue d’intimité, devient équivoque. Lorsqu’elles se rencontrent, le non-dit laisse planer un doute et crée une distance affective entre elles. Malgré cela, leur amitié reste indéfectible.

La toile de fond socio-politique de l’époque (fin des années 60, début des années 70) révèle un univers en profonde mutation : soulèvements étudiants, contestations des travailleurs et riposte violente des familles mafieuses, attentats de groupes extrémistes comme les Brigades rouges, mesures de répression des autorités, activisme des mouvements féministes. Tous les personnages, acteurs ou simples spectateurs de cette tourmente, voient leur existence bouleversée, transformée en bien ou en mal. Les lecteurs du Nouveau nom ne seront pas déçus.